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Louis-Alexis Gratton |

La Variation d'Exercice et le Transfert d'Entraînement

La variation d’exercice est utilisée par tous les coachs. Il est très rare de voir un athlète ne performant que les mouvements de compétition durant le processus d’entraînement. La plupart d’entre eux utilisent une vaste sélection d’exercices dans leur préparation, spécialement les athlètes débutants et intermédiaires.

Bien que la variation soit certainement nécessaire, elle est souvent utilisée de façon instinctive, plutôt qu’appliquée avec une compréhension intrinsèque du processus d’entraînement.

Trois variables principales affectent la magnitude de l’effet de l’entraînement : le volume, l’intensité, et la nouveauté des exercices. La variation d’exercice est donc un outil intéressant pour augmenter le stimulus en entraînement sans avoir à drastiquement augmenter le volume et l’intensité à travers le temps.

Par contre, les nouveaux exercices doivent être bien choisis dans le contexte de l’entraînement. Ainsi, le transfert d’entraînement [1] des exercices au mouvement de compétition doit être positif. Ce transfert positif peut être retiré des exercices exécutés à travers des améliorations biomotrices et/ou techniques. Bien qu’une large variété d’exercices puisse être utilisée pour l’amélioration des habiletés biomotrices, le cas est bien différent pour des gains en habiletés techniques, où les exercices doivent être très similaire en forme et en exécution aux mouvements de compétition pour être efficaces.

Avec une variation appropriée, la motivation de l’athlète risque moins de flancher, et les risques de blessures descendent drastiquement.

En autant que ces conditions soient respectées (que les exercices utilisés soient suffisamment spécifiques pour amener des améliorations techniques ou biomotrices spécifiques au sport pratiqué), la variation d’exercice devrait être utilisée extensivement afin de prévenir des augmentations de volume et d’intensité excessives sur les mouvements de compétition en entraînement à travers le processus de développement. Avec une variation appropriée, la motivation de l’athlète risque moins de flancher, et les risques de blessures descendent drastiquement.

Il est important de s’assurer que le degré de variation correspond avec la phase d’entraînement en cours. En règle générale, le plus loin dans le temps l’athlète se trouve d’une compétition, le plus de variation il utilisera. De plus, durant l’hors-saison, l’athlète peut même utiliser très peu d’exercices ayant un transfert positif vers l’acquisition d’habiletés techniques pour les mouvements de compétition, mais plutôt se concentrer sur l’amélioration des qualités morphologiques et physiologiques spécifiques au sport à travers l’utilisation d’une grande variété d’exercices (bref, des exercices qui amènent des améliorations au niveau des habiletés biomotrices). Ces exercices sont habituellement appelés des exercices de préparation générale. De l’autre côté du spectrum, quand la compétition approche, une bonne partie du temps d’entraînement devrait être allouée à l’amélioration des habiletés techniques dans les mouvements de compétition. Comme nous l’avons mentionné, les exercices avec un transfert positif sur les habiletés techniques sont beaucoup plus limités, ce qui fait que la variation devient ainsi plus restreinte, une occurrence normale dans cette période de la préparation. On appelle ces exercices des exercices de préparation spéciale.

Une remarque intéressante peut être faite par rapport à la variation d’exercice et l’expérience d’entraînement. Vous vous souviendrez que nous avons déjà abordé ce sujet sous l’angle de l’entraînement de plusieurs habiletés motrices de manière simultanée pour les athlètes avancés [2] , mais nous ne l’avons pas examiné en regard de la variation d’exercice. Au fur et à mesure qu’un athlète acquiert de l’expérience et amasse les années d’entraînement sportif, les exercices qu’il utilise devront être de plus en plus spécifiques au sport dans lequel il compétitionne pour être efficaces. Ainsi, le plus l’exercice ressemble à ce que l’athlète doit faire sur le terrain ou la plateforme, le mieux il se transférera à la performance en compétition. Les exercices qui ne correspondent pas suffisamment à ce critère seront non seulement une perte de temps, ils viendront également interférer avec le processus d’adaptation en mobilisant les ressources de récupération du corps. Les athlètes débutants, au contraire, peuvent s’améliorer de manière remarquable en employant une grande variété d’exercices, et c’est ce qu’ils devraient faire, afin d’assurer l’établissement d’une fondation solide de préparation physique générale sur laquelle capitaliser dans les années à venir. C’est ce qu’on appelle l’effet d’entonnoir, où la quantité d’exercices avec un transfert positif diminue proportionnellement avec l’augmentation du niveau de l’athlète.


  • [1] “[…] the process by which improving performance in certain exercises/tasks affects the performance in other exercises or motor tasks.” Issurin, Vladimir. Building the Modern Athlete: Scientific Advancements & Training Innovations. 2016, UAC. P.94

  • [2] On the concurrent development of hypertrophy and maximal strength in our article on directed adaptation.

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