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Louis-Alexis Gratton |

Un Bref Survol de la Physiologie de la Force

Le développement de la force maximale est une entreprise assez simple. La plupart des gens savent que pour devenir plus fort, il faut prendre de la masse musculaire et lever des poids pesants, et c’est réellement l’essentiel de la chose. Toutefois, pour ceux d’entre vous qui êtes intéressés par les fondements physiologiques de l’entraînement en force, ou, pour le dire simplement, intéressés à comprendre quels sont les changements qui se produisent dans notre corps qui nous rendent plus forts quand on lève des poids, nous allons offrir ici un bref survol. Notez que cet article devrait être utilisé comme un court guide de référence sur les mécanismes du développement de la force, étant donné que nous n’allons pas nous aventurer dans une analyse détaillée, ce qui amplifierait grandement la longueur de la discussion.

Les adaptations en force peuvent être regroupées en deux catégories : les adaptations morphologiques et les adaptations neurologiques. Les adaptations morphologiques sont reliées aux changements structuraux au sein du corps, alors que les adaptations neurologiques font référence à une augmentation des capacités du système neuro-musculaire. Les deux sont importantes, mais les adaptations neurologiques un peu plus, étant donné qu’elles sont la raison principale pour laquelle, par exemple, un powerlifter de 200lbs puisse être capable de soulever plus qu’un bodybuilder de 250lbs.

Adaptations Morphologiques

Lorsqu’il est question des adaptations morphologiques à l’entraînement en force, notre point focal principal est le développement de l’hypertrophie myofibrillaire, aussi appelée hypertrophie « fonctionnelle » à cause de l’augmentation des éléments contractiles à l’intérieur du muscle – par opposition à l’hypertrophie sarcoplasmique, une augmentation du volume des fluides de la cellule musculaire, un phénomène commun chez les bodybuilders utilisant des répétitions plus élevées. Le plus d’hypertrophie myofibrillaire il y a, le plus le potentiel de force du muscle est élevé, à cause de la masse musculaire additionnelle qui peut être utilisée par le système nerveux pour soulever des poids.

Les changements architecturaux dans le muscle et les structures reliées constituent une autre adaptation morphologique importante. L’angle de pennation (l’angle formé entre la direction des fibres musculaires et la direction générale du muscle lui-même) ainsi que l’alignement du collagène dans les tissus connectifs, par exemple, sont graduellement modifiés de manière spécifiques selon les mouvements utilisés, soulignant ainsi encore l’importance d’entraîner fréquemment les exercices précis sur lesquels vous voulez devenir plus fort.

L’augmentation de la densité osseuse et l’hypertrophie des tissus connectifs sont également des adaptations morphologiques importantes pour que le corps soit capable de lever des poids pesants de manière efficace et sécuritaire.

Adaptations neurologiques

Les adaptations neurologiques à l’entraînement en force sont un peu plus complexes. Elles sont reliées à l’unité motrice, constituée d’un neurone moteur et des fibres musculaires qu’il innerve. Une des adaptations les plus importante est reliée au recrutement. Durant une action musculaire, les unités motrices sont soit activées ou non, ce qui veut dire que soit elles contractent les fibres ou non. Il n’y a pas d’activation partielle. Pour que plus de force soit générée, plus d’unités motrices doivent être recrutées. Ainsi, la capacité à recruter une quantité maximale d’unités motrices est une adaptation désirable qui vient avec l’entraînement en force.

La fréquence des influx nerveux du neurone moteur au fibres musculaires en tant que signal d’activation est un autre facteur important, qu’on appelle communément fréquence de décharge. Le plus élevé est la fréquence, le plus grande est la tension produite. Il a été démontré que l’entraînement en force augmente la fréquence de l’activation répétée, permettant aux muscles de générer plus de force. Des améliorations dans la synchronisation de l’activation des unités motrices se produisent également en réaction à l’entraînement en force. Les unités motrices travaillent habituellement de manière plutôt asynchronique afin de produire du mouvement. L’entraînement en force aurait un effet de synchronisation sur l’activation des unités motrices, permettant la production d’un maximum de tension durant une contraction musculaire.

Une adaptation neurologique indirecte mais importante est en lien avec l’inhibition de l’appareil de Golgi, un organe sensoriel détectant les changements de tension à la jonction des muscles et des tendons. Son rôle est de limiter la production de force dans un muscle afin de prévenir les blessures lorsqu’il perçoit une tension excessive. L’entraînement en force réduit la sensibilité de l’appareil de Golgi, ce qui permet que plus de force soit généré avant l’activation de ce réflexe de protection.

Finalement, les améliorations au niveau de la coordination intermusculaire sont un facteur crucial dans la capacité de produire de la force. Celle-ci est relié à l’aptitude de coordonner la contraction des muscles agonistes et la relaxation des muscles antagoniste pendant un mouvement.

Bien que les adaptations morphologiques augmentent le potentiel de production de force du corps humain, les adaptations neurologiques sont la clé pour développer de la force maximale. Ces dernières expliquent pourquoi l’augmentation de la masse musculaire seule ne garantie pas nécessairement un meilleur niveau de force et comment les athlètes de force qui sont restreints par les limites de leur catégorie de poids peuvent continuer à gagner de la force à travers leur carrière sans changement dans leur poids corporel.

Les adaptations de ce type sont principalement produites à travers l’usage d’exercices poly-articulaires et un nombre de répétitions plus bas (généralement entre 1 et 6), ainsi qu’un effort conscient de lever avec une intension maximale peu importe le poids sur la barre. Pour plus d’informations sur la manière de devenir plus fort pour le powerlifting en utilisant ces principes, nous vous invitons à jeter un coup d’œil à notre article sur la périodisation pour le powerlifting.

Nous espérons que cette brève synthèse vous a donné une meilleure compréhension de la physiologie de la force. La plupart des manuels dédiés au développement de la force ainsi qu’à la physiologie humaine générale vous fourniront une explication plus détaillée des principes vus ici, et nous vous encourageons fortement à les consulter si vous souhaitez approfondir votre compréhension de la physiologie de l’entraînement en force.

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